Carnets de voyages

TROISIEME ETAPE

TSUMEB et le LAC OTJIKOTO

Le plateau de Waterberg, oasis de grès rouge brique à la végétation luxuriante, domine la surface plane du bush. Au pied du plateau, des acacias, des fougères et des figuiers sauvages puisent l'eau, absorbée par le grès rouge et spongieux. La nappe phréatique donne par endroits naissance à des sources. Sur les versants, des ficus épousent la roche, recouverte d'une grande variété de lichens colorés.
		Le mont Erongo, massif de forme à peu près circulaire dominant les plaines plates, est ce qui reste d'un ancien volcan, actif il y a 140 millions d'années.
	Tsumeb se situe à la pointe du Triangle d'or formé par les routes la reliant à Otavi et à Grootfontein. Son nom est né de la fusion du terme san tsoumsoub (« creuser dans un sol meuble ») et du mot herero otjisume (« lieu des grenouilles »).
	Tsumeb tire sa prospérité de la présence de cuivre et de quantité de minéraux (plomb, argent, germanium et cadmium). Sa mine de plomb, la plus grande d'Afrique, se classe au cinquième rang mondial. Sur 184 minéraux découverts ici, une dizaine sont inconnus dans les autres régions du globe. A juste titre, les collectionneurs de minéraux comptent Tsumeb au nombre des merveilles naturelles de la planète…
		Dans les années 1890, les Allemands ont créé des mines de cuivre et une voie ferrée de 560 km fut construite jusqu'à Swakopmund afin de permettre l'exportation du métal, construction interrompue par les guerres herero-allemandes et achevée en 1906. Au milieu des années 60, on extrayait plus d'un million de tonnes de minerai par an.
	Au nord-ouest de Tsumeb, une étendue d'eau turquoise est cachée derrière de grands figuiers et de gigantesques euphorbes. Le lac Otjikoto, « trou profond » comme le signifie son nom d'origine herero, passait, selon une vieille légende, pour être sans fond. En fait, des sondages ont établi qu'il atteint de 33 à 90 m de profondeur.
	Enchâssé dans des roches sédimentaires de dolomite et de calcaire vieilles de près de 700 millions d'années, ce plan d'eau est en réalité une ancienne caverne dont le toit s'est effondré, créant un énorme aven de 100 m sur 150 m.
		Lors de leur retraite en 1915, les troupes allemandes jetèrent dans l'eau une quantité considérable de munitions, des fusils et même des pièces d'artillerie pour éviter que le matériel ne tombe entre les mains des Sud-Africains, désormais à la tête du pays. Un an plus tard, des pêcheurs remontèrent à la surface plus de 80 000 fusils et 5 canons. Une cinquantaine d'années plus tard, un wagon parfaitement conservé y fut repêché.