Carnets de voyages

QUINZIEME ETAPE (suite)

LOUISBOURG

Les casernes du bastion du Roi pouvaient loger 500 soldats. De douze à seize hommes s'entassaient dans chacune des pièces, à raison de deux par lits. Il n'y a ni mess, ni atelier dans les casernes. Les soldats cuisinaient, mangeaient, buvaient, fumaient, s'adonnaient au jeu et travaillaient là où ils dormaient. Les soldats des troupes coloniales françaises vivaient aux côtés de plus de cent hommes du Régiment suisse de Karrer.
	L'emploi du temps des soldats ne se limitait pas au train-train quotidien habituel des militaires : ce sont eux qui ont construit la forteresse. Plusieurs gagnèrent de l'argent de cette façon et apprirent un nouveau métier.
		Depuis le sommet du bastion du Roi, l'endroit le plus élevé de la ville, le regard découvre l'ensemble des fortifications. Si la disposition de tous ces ouvrages repose sur des considérations compliquées, leur rôle, quant à lui, est très simple : interdire à l'ennemi tout accès à la ville.
	Les canons ne pointent pas au hasard. Au contraire, les bastions sont disposés de telle sorte que le tir des défenseurs balaie les approches de la forteresse en s'entrecroisant et force l'ennemi à demeurer à distance.
			La Place Royale, la plus grande de la ville, pouvait recevoir toute la garnison. Au nombre des cérémonies et des rassemblements auxquels la population de Louisbourg a pu assister à cet endroit figurent les formalités de la capitulation de 1758.
	Dans les années 1740, le propriétaire de la maison qui occupe l'angle de la Place Royale, Pierre-Paul d'Espiet de la Plagne, était le fils et le neveu d'officiers de la garnison. Des liens de parenté l'unissaient à la classe dirigeante de la colonie et, par conséquent, il se voyait affecté à des postes de choix. Après le premier siège de Louisbourg, de la Plagne se retira dans ses propriétés du sud-ouest de la France.

		La résidence de l'ingénieur faisait partie des demeures les plus importantes de Louisbourg. Les ingénieurs du Roi qui l'habitaient et y travaillaient étaient à la fois urbanistes, architectes et ingénieurs de construction. Ils traçaient les rues, dessinaient les pâtés de maisons, établissaient les plans des fortifications et des ouvrages avancés, et dressaient ceux de tous les bâtiments publics.
	Le potager de la maison, plutôt conventionnel, réunit des carrés de légumes et un parterre formant des dessins géométriques en divers tons de vert. Il n'est pas donné à tout le monde d'avoir un jardin aussi élaboré... Au-delà de ce jardin, se trouvent une buanderie, une étable et un petit étang.
		Le travail des domestiques confère à la cuisine de cette maison assez austère, une ambiance chaleureuse.